L’éducation des hommes et des femmes se fait dans les marges. On peut
commencer la démonstration par n'importe quel bout : l'éphèbe d'Athènes
se nomme péripolos, celui qui tourne autour de la cité.
Aujourd'hui, l'élève est au coeur de la ville sur la place de la
mairie, où, dans l'école de Clémentine il apprend à devenir citoyen.
Mais son éducation se fait ici, là, partout, sur les sentiers
buissonniers, fluents et insaisissables, éparpillés et déconnectés. Les
livres au feu et la maîtresse au milieu : une ronde secouée par le
rire. Au plus près du bord de l'espace organisé, la démarche
institutrice tient de cette place une possibilité d'accès aux voies
rectilignes de la cité et aux formes distinctes de la persona.
Mais, de cette même place, d’où partent, puis serpentent, se croisent
et se nouent les pistes erratiques, Clémentine, sans gants ni tablier,
explore chaque jour, le rire au coeur et la peur au ventre, les
contrées chaotiques où grimacent et gesticulent les gnomes, ondins,
sylphes et salamandres de tous les commencements.