Clément est toujours agréablement surpris, en travail d’atelier, par
tout ce qui sort de la bouche de ses frères quand ils parlent sous la
contrainte des règles. Tout se passe comme si se levait la barrière des
dents quand tombe sur eux la chape du rituel. Le savoir ouvrier, quand
il s’exprime dans la prise de parole individuelle, est multiple et
différencié. Dans le large canal d’un thème ouvert, où les berges sont
fixées, apparaissent aléatoirement, au milieu du courant, mille
tourbillons de sens indépendants qu’il essaie d’appréhender dans leur
diversité. Dans cette situation du travail, le sentiment dominant chez
lui est celui de la réjouissance. Ceint sur ses bords, le discours
jaillit du fond de la personne comme d’une source contrainte. Comme un
rire, il éclate en mille directions, il fait parfois long feu, parfois
il se disperse en étincelles fulgurantes, parfois encore il laisse sous
la voûte étoilée une clarté durable qui illumine les visages. C’est
alors, pour lui la fête. Il a la confirmation, à chaque fois qu'une
discussion s'ouvre, que le savoir reste entier même quand il est
partagé.